Définition de BAS, BASSE
Prononciation : bâ, bâ-s' ; l's se lie : un coeur bas et lâche, dites : bâ-z et....
DÉFINITIONS
1
Qui a peu de hauteur. Maison basse. Rives plus basses. Un siége bas. Le plafond est bas. La porte est basse. Cet animal est très bas sur ses jambes.Sémantique : En termes de guerre, basse enceinte, la fausse braie. Place basse, la casemate et le flanc retiré qui sert à défendre le fossé.
2
Baissé, par opposition à levé. Marcher la tête basse. Ce chien porte les oreilles basses.À leurs noms, un grand froid, un front triste, un oeil bas M'ont fait voir aussitôt qu'ils ne lui plaisaient pas
de Pierre CORNEILLE dans Othon, I, 3
Sémantique : Fig. Avoir l'oreille basse, être humilié, mortifié.
Sémantique : En termes de guerre, faire main basse, piller, ne pas faire de quartier ; et figurément, traiter sans ménagement.
3
Situé au-dessous d'une autre chose ; dont le sol est plus bas. La partie basse d'une ville. La partie basse des Alpes. La cavalerie était placée dans la partie basse. Lieux bas et marécageux. Descendre dans les terres basses. La basse Égypte, la basse Normandie, la basse Bretagne.Basses voiles, les grandes voiles d'en bas, par opposition à celles de hune et de perroquet.
Ce vin est bas, il est près de la lie, il sent la lie.
Ce bas monde, la terre, par opposition au ciel.
Basses terres, terres situées au pied des montagnes, ou près de la mer.
Les basses régions de l'air, les couches d'air les plus voisines de la terre.
La basse région de l'âme, celle où se forment les passions grossières et les appétits sensuels.
Le bas bout de la salle, la place la plus voisine de la porte d'entrée, et conséquemment, celle que l'on donne aux hôtes les moins distingués.
Au bas mot, en réduisant la chose autant qu'il est possible. Cette terre a coûté, au bas mot, cent mille francs. Il y a eu dans ce combat, au bas mot, deux cents tués.
4
Qui est inférieur à son point d'élévation ordinaire. Basse mer. Basse marée. La rivière est basse. Le jour est bas, il est sur son déclin. Le temps est bas, l'air est chargé de nuages moins élevés qu'à l'ordinaire.Familièrement et fig. Les eaux sont basses, l'argent commence à manquer.
5
Bas se dit du temps, aussi bien que du lieu. Le Bas-Empire, l'Empire en décadence depuis Constantin jusqu'à la prise de Constantinople par les Turcs.Les bas siècles, les bas temps, les temps qui suivent la chute de l'empire romain.
La basse latinité, la langue latine corrompue dont on s'est servi depuis l'invasion des barbares et durant le moyen âge. Le bas-latin, le latin de ces temps. Basse grécité et bas-grec, même sens quant au grec.
Le carême est bas, c'est-à-dire il commence de bonne heure, dès le mois de février.
6
Qui se fait à peine entendre, en parlant de la voix. Voix basse.À voix basse, sans élever la voix. Dire à voix basse. De sa voix la plus basse. Répondre sur un ton bas.
À basse note, sans élever la voix.
On fit briller le vin de St-Laurens, et en basse note, entre M. et Mme de Chaulnes et moi, votre santé fut bue
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 669
Mlle Clairon va jouer, à basse note, Aménaïde et Électre sur notre petit théâtre de Ferney
Sémantique : Fig.
Avec tant de faiblesse, il faut la voix plus basse
de Pierre CORNEILLE dans Perth. I, 4
Sémantique : Familièrement. Vous l'avez pris sur un ton trop bas, vous n'avez pas parlé avec assez de fermeté.
7
Sémantique : Terme de musique. Qui appartient au bas de la gamme, grave. Un son très bas.8
Sémantique : Terme de danse. Danses basses ou danses nobles, celles qui, comme la courante, le menuet, consistaient dans des pas glissés et de belles attitudes, sans s'élever de terre. On les opposait aux danses par haut, qu'on appelait autrement baladinages, dans lesquelles on sautait plus ou moins.9
Sémantique : Fig. Inférieur, subalterne. Professions basses. Fonctions basses. Les gens de la basse classe. Reprocher à quelqu'un sa basse extraction. Être de la plus basse origine. Homme de la plus basse condition. Bas lieu, condition, naissance peu relevée. Combien a-t-on vu de rois venir de bas lieu, lesquels on n'a pas moins estimés pour cela ! Tamerlan avait été porcher.... Francion, l. II, p. 463.Le médiocre état d'une fortune basse
de Jean de ROTROU dans Bélis. V, 5
Aux mânes de Pompée il faut une autre offrande, La victime est trop basse et l'injure est trop grande
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. V, 2
Je n'attendais pas Un courage aussi grand dans un rang aussi bas
Le bas peuple, les dernières classes du peuple.
Le bas peuple en vaudra certainement mieux, quand les principaux citoyens cultiveront la sagesse et la vertu
Le bas commerce, les petits marchands.
C'est la même négligence qui lui a fait dire que tout le bas commerce était infâme chez les Grecs
Les basses classes d'un collége, les classes élémentaires.
Le bas choeur d'un chapitre, les chantres et les chapelains.
Les bas officiers, les officiers subalternes. Ce terme désignait, au XVIIe siècle, en France, et désigne encore dans des armées étrangères, les grades inférieurs à celui d'officier, grades auxquels depuis lors on donne le nom de sous-officiers.
La chambre basse en Angleterre, la chambre des communes.
Basse justice, en parlant des justices seigneuriales, se disait par opposition à moyenne et haute justice ; elle connaissait des droits dus au seigneur, cens et rentes, de la police, de dégât de bêtes, d'injures légères, etc.
Messe basse, messe dite sans être chantée par le choeur et sans assistance de diacre et de sous-diacre.
L'évêque de Chartres ne pouvait jamais y dire la messe basse [dans la cathédrale]
Les basses cartes, les cartes inférieures, celles qui ont le moins de valeur et de force.
Maître des basses oeuvres, cureur de retraits, vidangeur.
Sémantique : En termes de fauconnerie, oiseau bas, oiseau maigre et décharné.
10
Vil, méprisable, honteux. Bas flatteur. Âme basse. Sentiments bas. Manière de vivre basse.Regarder comme une chose basse de.... Mais aussi n'ai-je pas cette basse malignité, de haïr un homme, à cause qu'il est au-dessus des autres
de Vincent VOITURE dans Lettr. 74
Un esprit né sans fard, sans basse complaisance, Fuit ce ton radouci
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Madame, je n'ai point des sentiments si bas
de Jean RACINE dans Phèd. II, 5
Ah ! quelle âme assez basse !....
de Jean RACINE dans Brit. I, 4
Mais je m'étonne enfin que.... Vous ayez si longtemps, par des détours si bas, Feint un amour pour moi que vous ne sentiez pas
de Jean RACINE dans Baj. V, 4
Elle ne peut souffrir une basse pensée
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 3
S'il est, pour me trahir, des esprits assez bas
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 4
Il mettait la grandeur à ne rien faire de bas
Ta secte obscure et basse avilit les mortels
11
Manquant de distinction, en parlant du langage et des choses d'esprit. Terme bas ; expressions basses ; style bas ; plaisanterie basse. Le bas comique.Cette manière basse de plaisanter a passé du peuple, à qui elle appartient, jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, qu'elle a déjà infectée
de Jean de LA BRUYÈRE dans 5
Ah ! Velches, quand je vous donne du grand, vous dites que je suis boursouflé ; et, quand je vous donne du simple, vous dites que je suis bas
12
Peu élevé, en parlant du prix, de l'évaluation. Ce qui est le plus bas prix. Vendre à bas prix. Ceux qui mettent le nombre des tués au plus bas. Or de bas aloi ; bas or ; bas argent. Les fonds publics sont bas.13
En parlant de la vue, qui force à se baisser, à s'approcher de l'objet que l'on regarde. Avoir la vue basse, ne distinguer les objets que de près.14
En parlant de l'âge, qui appartient à la première enfance. Être en bas âge. Dans son bas âge.15
Bas, Nature : s. m. La partie inférieure. Il venait du bas du pays. Il le saisit par le bas du corps. Il le fait rouler jusqu'au bas de l'escalier. Le bas de la montagne. Le bas d'un arbre. Le bas d'une robe.Il y avait, au bas de votre lettre, trois écritures différentes
de Vincent VOITURE dans Lett. 30
Sémantique : En termes d'astrologie, le bas du ciel, la troisième ou quatrième maison d'un horoscope, où est le nadir, c'est-à-dire la partie du ciel la plus basse à notre égard.
Sémantique : En termes de marine, partie extérieure d'un bâtiment, au-dessous de la ligne d'eau.
Sémantique : Fig.
Je ne dois pas me fort soucier de ce qui se passe, dans le bas du monde, parmi les esprits inférieurs
Notre argent est au bas [nous n'en avons plus], il y faut remédier
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 3
Il y a du haut et du bas dans la vie, elle est mêlée de biens et de maux. Il y a des hauts et des bas dans la conduite de cet homme, beaucoup d'inégalités. Le sort a des hauts et des bas. Avoir du haut et du bas dans l'humeur.
N'admirez-vous pas comme cette vie est mêlée de haut et de bas, de blanc et de noir ?
Le christianisme a fait voir le haut et le bas de notre coeur
Les voies inférieures du corps.
L'opération [produite par les gouttes d'Angleterre, sorte de purgatif] sur le maréchal de Lorge fut douce, mais prodigieuse par le bas
Le bas de la voix, les sons graves de la voix.
Ce qui manque de distinction.
Le trivial et le bas défigurent la tragédie
BAS, adv.
16
Dans la partie basse, dans un lieu situé au-dessous. Il était assis plus bas. Plus bas que la ville. Faire descendre quelque chose plus bas. Ces eaux viennent de plus bas. Nous aurons du mauvais temps, les hirondelles volent bas. Cette petite fille est assise trop bas. Dans cette grande marée, la mer s'est retirée fort bas.Sémantique : Familièrement. Cet homme est bien bas percé, il est bien mal dans ses affaires. Locution tirée du tonneau qu'on perce bas, pour tirer les dernières bouteilles de vin.
Boiter tout bas, boiter beaucoup.
Monsieur boite tout bas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 323
Monsieur, où courez-vous ? c'est vous mettre en danger, Et vous boitez tout bas
de Jean RACINE dans Plaid. II, 13
Jouer argent bas, jouer argent comptant.
Sémantique : En termes de marine, amener tout bas, filer entièrement les drisses d'une vergue, d'une voile.
Sémantique : Terme de marine. Couler bas un navire, faire qu'il s'enfonce sous l'eau ; et, neutralement, le navire coule bas. Couler bas d'eau, s'enfoncer sous l'eau parce que l'eau remplit le bâtiment. La chaloupe coulait bas d'eau, lorsqu'elle fut rencontrée par un navire.
17
Sémantique : Fig. Est-il possible de tomber si bas, de s'abaisser à ce point, d'éprouver de tels revers ? etc.N'autorisez pas De plus méchants que vous à la mettre [l'autorité] plus bas
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 2
Quand le sort ennemi m'aurait jeté plus bas
de Jean RACINE dans Mithr. II, 4
Être bas, être renversé.
Unissons-nous ensemble, et le tyran est bas
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. III, 2
La tyrannie est bas, et le sort a changé
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. II, 2
Tenir bas, tenir dans la soumission.
Le peuple a besoin qu'on le tienne bas pour son propre repos
On a une secrète complaisance à tenir bas ceux-ci [domestiques, serviteurs]
de Louis BOURDALOUE dans Carême, I, Ambit. 497
Ce malade, cette malade est bien bas ; il, elle est bien mal.
On disait : Hâtons-nous, je l'ai laissé fort bas
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Nous la trouvions si extrêmement bas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 141
Quoi ! l'oncle de Messieurs serait défunt ! - Hélas ! Il ne vaut guère mieux, tant le pauvre homme est bas !
de Jean-François REGNARD dans Légat. III, 8
18
Mettre bas les armes ou les armes bas, rendre les armes, cesser de combattre.Qui mettait les armes bas devant l'ennemi
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
Ils mirent bas les armes pour les regarder
Le sénat.... ordonna aux deux princes numides de mettre les armes bas
Je n'ai point cru devoir mettre les armes bas
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. IV, 3
Mettre habit bas, se déshabiller. Il mit veste bas.
Mettre chapeau bas, se découvrir par respect.
En joue il [Jupin] vous met sans qui-vive ! Mais je l'aborde chapeau bas
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Bluets.
Nature : Elliptiquement. Chapeau bas ! découvrez-vous !
Sémantique : En termes de marine, mettre pavillon bas, baisser le pavillon ; et figurément, céder, se rendre.
Mettre voiles bas, abaisser ses voiles.
Ses trois vaisseaux en rade avaient mis voiles bas
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. II, 2
Sémantique : Fig. Mettre bas, déposer, renoncer à.
J'avais mis bas avec le nom d'aîné L'avantage du trône où je suis destiné
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 6
Croyez-moi, mettez bas l'artifice
de Pierre CORNEILLE dans Othon, II, 5
....Mettant leur haine bas
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 4
Je vous obéirai, seigneur, sans complaisance, Et mets bas le respect qui pourrait m'empêcher....
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, II, 1
Allons donc, messieurs, mettez bas toute rancune
Mettons bas toute feinte
Mettre bas, renverser.
La troupe qui l'assaut [assaille] et la veut mettre bas
de François de MALHERBE dans I, 4
De l'Orient mettant l'empire bas
de François de MALHERBE dans II, 3
Je fais émerveiller tous les yeux de la terre De voir que le malheur ne m'ose mettre bas
de François de MALHERBE dans IV, 7
Il a mis bas les puissants
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans II, Visit. 1
Je n'aspirerais au bonheur de vous plaire Qu'après avoir mis bas un si grand adversaire
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 3
Mettre bas, en parlant des femelles d'animaux, faire un petit, des petits.
La lionne met bas dans des lieux très écartés
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Lion.
Sémantique : En termes de vénerie, le cerf a mis bas, son bois est tombé.
19
Bas, d'une voix basse, sans faire de bruit, au-dessous du ton convenable. Parler bas à quelqu'un. Il me répète tout bas son refrain. Il demanda tout bas. Rire tout bas.Parlons bas, écoute
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 2
Ciel ! si quelque infidèle....
de Jean RACINE dans Esth. II, 9
Sémantique : Fig. En secret.
Il suffit que mon coeur me condamne tout bas
de Jean RACINE dans Androm. IV, 5
Mais, malgré ses efforts, il frémissait tout bas Qu'on applaudît en lui des vertus qu'il n'a pas
20
Sémantique : Terme de musique. D'un ton qui est vers le grave. Ce luth est monté trop bas.21
À bas, locut. adverb. Mettre ou jeter à bas ; jeter, renverser ; et figurément, détruire.Me jeter du Pont-Neuf à bas en la rivière
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VIII
Je fais jeter de grands arbres à bas
Sémantique : Fig.
Pour jeter un des partis à bas
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I
Il le veut élever, il le peut mettre à bas
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 2
Salvidien à bas a soulevé Lépide
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 4
Je vous l'avoue, il n'est pas encore temps de mettre à bas Mazarin
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans III, 97
Le grand combat qui met nos ennemis à bas
Voilà le marquisat et la vicomté à bas
Les ennemis sont à bas
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 5
Son système et celui de M. Claude est à bas
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert. 6
Puisque le tyran est à bas, Laissez-nous prendre nos ébats
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Requête.
Cris d'improbation.
À bas la cabale ! à bas ! Crier à bas les ministres
de Pierre Jean de BÉRANGER dans G. nation.
À bas de. loc. prépos. Se jeter à bas d'un mur, des retranchements. Sauter à bas de cheval.
Il saute à bas de son lit
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
22
En bas, Nature : loc. adv. Dans un lieu placé au-dessous. De haut en bas. Aller en haut et en bas. Il tombe la tête en bas. Piques qui tombent la pointe en bas.Sémantique : Fig. Regarder, traiter quelqu'un du haut en bas, le regarder, le traiter avec dédain, avec mépris.
Ces femmes qui regardent un chacun de haut en bas
En bas de, Nature : locut. prépos. On le trouva évanoui en bas de l'échelle.
D'en bas, Nature : loc. adverb. Les émanations qui venaient d'en bas.
Par en bas, Nature : loc. adv. Dans le bas.
Sa taille est devenue plus fine par en bas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 499
23
Par bas, dans un endroit bas. Demeurer par bas. Être logé par bas, au rez-de-chaussée.Par bas, en termes de médecine, par les voies inférieures du corps. Purger par bas. Purger par haut et par bas. Cette drogue fait aller par haut et par bas, elle fait vomir et aller à la garde-robe.
24
Ici-bas, sur la terre, par opposition au ciel.25
Là-bas, Nature : loc. adv. Au-dessous ; à une certaine distance. Il demeure là-bas.Le vois-tu bien, là-bas, là-bas, Là-bas, là-bas ? dit l'espérance ; Bourgeois, manants, rois et prélats Lui font de loin la révérence
de Pierre Jean de BÉRANGER dans le Bonheur.
REMARQUE
1
On met des traits d'union à : bas-Breton, habitant de la basse Bretagne ; bas-breton, dialecte celtique parlé dans la basse Bretagne ; bas-Normand, habitant de la basse Normandie ; à Bas-Empire, empire romain transporté à Constantinople et tombé en décadence ; aux noms des départements, Bas-Rhin, Basses-Pyrénées, et à Pays-Bas (la Belgique et la Hollande). Mais on écrit sans trait d'union le bas Rhin, la partie inférieure du Rhin ; les basses Pyrénées, les Pyrénées situées près de la mer.SYNONYME
1
BAS, ABJECT, VIL. Ce qui est bas est placé au-dessous. Ce qui est abject est jeté de côté. Ce qui est vil est de prix inférieur. Aussi abject et vil expriment un degré au-dessous de bas. Une condition basse peut n'avoir rien d'abject ni de vil. Quand bas s'applique au moral (une âme basse, des sentiments bas), bas, bien qu'il n'exprime plus un état qui soit indifférent, garde encore quelque chose de son sens primitif, et on enchérirait si on disait une âme abjecte, une âme vile : cela tient à la signification primitive, dont la nuance suit le mot dans tous ses emplois. On peut signaler la même différence entre abject et vil ; ce qui est vil a très peu de prix, est beaucoup au-dessous du prix, mais enfin a encore un certain prix ; au lieu que abject est tout à fait rejeté, et, pour ainsi dire, mis à la voirie.HISTORIQUE
1
XIIe s.Se j'ai choisi haut ou bas, Je m'en doi trop bien douloir
dans Couci, p. 122
Lasse, fait-ele en bas [à voix basse], que pourrai devenir ?
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p. 32
E quant li moinie [les moines] vindrent lur complie chanter, Quidierent il pur veir que se dormist li ber, E chanterent en bas....
dans Th. le mart. 48
2
XIIIe s.Il veust dire que tuit, et haut et bas, fussent aün [rassemblé] à cort de lui
dans Psautier, f° 121
El ne fu joine ne chenue, Ne fu trop haute, ne trop basse, Ne fu trop megre, ne trop grasse
dans la Rose, 2987
Il n'est pas resons que la gentil feme perde son droit d'eritage por ce, s'ele se marie en plus basse persone
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLVIII, 5
3
XIVe s.Ne le feu ne se peut acoustumer à descendre en bas
de Nicolas ORESME dans Eth. 33
Se François orent fait au matin bonne chiere, Aussi basse la font et s'embruchent en terre
dans Guesclin. 22204
Doucement [il] lui a dit et à basse alenée
dans ib. 9527
Essayer si l'esprevier se tendra [tiendra] paisible sur le poing ; si non, le mettre au bas [lui donner moins à manger]
dans Ménagier, III, 2
4
XVe s.Vecy nos ennemis qui tantost à basse eau passeront la riviere
de Jean FROISSART dans II, II, 32
Jean de Lannoy, qui estoit au clocher, crioit à ceux qui estoient bas
de Jean FROISSART dans II, II, 95
Fist durant son regne [Louis XI] beaucoup de injustices, maulx et violences ; et tellement qu'il avoit mis son peuple si au bas, que au jour de son trespas estoit presque au desespoir
de JEAN DE TROYES dans Chron. 1483
Ni Troye la grand cité ne cuidoit point que la fortune tant au bas la sceust mettre comme elle la mit
dans Bouciq. I, ch. 23
Et voyant son maistre bas, commença à practiquer avec monseigneur de Lorraine
de Philippe de COMMINES dans V, 6
Le roy estoit jà fort bas, et à grant peine se vouloit il laisser veoir
de Philippe de COMMINES dans ib. VI, 9
5
XVIe s.Ce disant mit bas son grand habit
de François RABELAIS dans Gar. I, 27
Quand les choses sont venues à leur point supellatif, elles sont en bas ruynées
de François RABELAIS dans ib. I, 31
Les pelerins disoyent en voix basse l'ung à l'aultre. - Quelque basse fousse des prisons
de François RABELAIS dans ib. I, 38
Son fils, parce qu'il est trop bas d'eage
de François RABELAIS dans ib. I, 50
Bas de stature, et de joye, et d'esbas, Bas de sçavoir, en bas degré nourri, Et bas de biens, dont il est bien marry
de Clément MAROT dans II, 90
Je l'ay veu en telle extremité de maladie et si bas que tout le monde estoit desesperé de sa vie
Et trouva sa pauvre femme si bas qu'elle avoit plus besoin de confession que de medecin
Ça bas [ici bas]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 106
Cette aultre volupté plus basse
de Michel de MONTAIGNE dans I, 69
Gens de basse condition
de Michel de MONTAIGNE dans I, 90
Quelqu'un du bas peuple
de Michel de MONTAIGNE dans I, 111
Ils sont moitié poisson par embas
de Michel de MONTAIGNE dans II, 263
Ceulx qui demeurent orphelins en bas aage
de Jacques AMYOT dans Lyc. 2
Avec une chere basse et morne, sans mot dire
de Jacques AMYOT dans Numa, 18
Ces jerbes furent emmenées jusques en un endroit où elles trouverent l'eau basse, et s'y arresterent
de Jacques AMYOT dans Public. 13
Ne pouvant croire que les Romains fussent si bas que d'avoir abandonné leur ville
de Jacques AMYOT dans Cam. 39
Ilz le jetterent du haut en bas du chasteau
de Jacques AMYOT dans ib. 48
Les adherens de Camillus repoulsoient le sergent arriere de la chaire, et le commun peuple luy crioit d'à bas qu'il le tirast
de Jacques AMYOT dans ib. 72
Cela consumma et meit au bas la puissance d'Athenes
de Jacques AMYOT dans Alc. 42
Gouverneurs des basses provinces de l'Asie
de Jacques AMYOT dans Cimon, 36
Ceux de Cologne mirent bas [déposèrent les armes] sans estre forcez
Le duc y envoia Sanctio Avilla avec 4000 hommes, qui, à un bas de marée, entra maugré le siege dans la ville
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 67
Le vent aiant mis bas [étant tombé]
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 83
Or il fut question de faire retraicte ; car il estoit basse heure
de Vincent CARLOIX dans V, 15
Après avoir fait une bassissime reverence devant les dames
dans Sat. Mén. p. 55
Les bois, les monts, les baisses vois [je vais] tranchant [franchissant les vallées]
de Étienne de LA BOÉTIE dans 442
Son oeil est doux et fier, son sourcil un peu bas
de Pierre de RONSARD dans Bocage royal, 2e partie, à la Rouvere.
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. bas ; espagn. bajo ; portug. baixo ; ital. basso. On a indiqué le celtique : bas-breton, baz ; kymri, bâs ; irland. bass, mots qui signifient peu profond. Diez combat cette étymologie, d'abord en remarquant que le j espagnol répondrait mal au bas-breton et exigerait deux s ; objection insuffisante puisque les deux s sont dans l'irlandais. Puis il objecte le sens : bassus signifiant, dans Isidore, crassus, pinguis ; dans Papias, curtus ; et dans le vieux français, qui n'est pas élevé, et non pas peu profond ; sens confirmé encore par l'italien bassotto, épais. Par ces raisons il rattache bas au latin bassus, qui a été un surnom et qui, d'après les gloses, exprime une certaine conformation du corps. Cette argumentation paraît probante.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Bas de, pauvre de, manquant de....Je ne sais quels Scythes Bas de fortune et de mérites
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne
2
Ajoutez :2. Notre locution à bas, avec son sens de réprobation, se trouve dans l'ancienne langue sous la forme bas : XIIIe s.
Quar devant çou, savoir ne fal [je ne manque de le savoir], Crioit on : bas le kardenal !
de PHILIPPE MOUSKES dans Chronique, V. 26 155